Katsuhiro MORITA - Artiste pastelliste

PROPOS DE L’ARTISTE

(Recueillis par N. Charpail)

Paysages intérieurs

ou comment approfondir le regard

Présentation

Je suis tokyoïte. Adolescent je ne m’intéressais qu’à l’art pictural. J’ai voyagé en Europe et décidé de m’établir en France en 1982, à l’âge de 22 ans, pour y travailler ma peinture. Les paysages de France, de même que les « intérieurs » de ce monde alors nouveau pour moi m’ont incité sans doute à traverser une tradition picturale qui n’était pas du tout la mienne (huile, pastel en termes de techniques, mais aussi par exemple « nus » en termes de sujets). Mais petit à petit, j’ai eu le désir d’en saisir les fondamentaux, en dégager une sorte « d’épure » (c’est le terme qu’emploie mon entourage à mon sujet). Il ne m’a pas intéressé de confronter consciemment les cultures, traditions ou techniques, de disputer de classicisme ou de modernité, d’abstraction ou de figuration : C’est seulement « l’habitat poétique » que peut encore présenter le monde qu’il m’a importé de ressentir et traduire, et aussi l’extrême beauté de ce qui est silencieux dans le monde, peut-être était-ce pour soutenir un volontaire « exil » qui fut toujours ressenti comme tel, ou bien pour m’extraire de l’agitation sociale devant laquelle je me sens étranger.

De ce fait, je finis par peindre aussi des « paysages intérieurs ».

Démarche

L’essentiel est pour moi la force d’une composition. C’est à dire sa profondeur. Une composition picturale n’a de valeur pour moi que lorsqu’elle mérite – fait désirer – plusieurs « interprétations ». Comme en musique. Dans le cas contraire, je ne m’y attacherai pas.

Chacun de mes sujets entraîne alors une série d’œuvres. J’appelle « sujet » non pas seulement ce que j’ai choisi de peindre au regard de ce qui m’entoure (le motif), mais la composition que j’imagine à partir de ce motif. D’une composition, d’un sujet, j’effectue alors des variations. Toutes ces « interprétations » me sont nécessaires pour l’explorer. Aussi infime soit elle, la différence est pour moi capitale.

S’il est donc vrai que je cherche à découvrir toutes les possibilités offertes d’interprétation d’une même sujet, il faut d’abord dire que je cherche le sujet qui mérite, qui recèle un trésor de possibilités - un trésor de désirs - d’interprétation. Et si possible un trésor d’attention de la part du spectateur.

J’ai choisi à une époque le pastel sec, puis j’ai choisi l’huile, technique délicate et longue, mais qui permet la profondeur d’approche de la couleur et oblige à une extrême rigueur du dessin.